Sfax: Le site archéologique de Bararus (Rougga)
Bararus est une petite localité antique mentionnée par la Table de Peutinger (VI, 3), à 9 mille romains de Thysdrus sur un itinéraire entre cette dernière et Usilla, correspond aux ruines actuelles connues sous le nom d’Henchir Rougga, à 13 km au sud-est d’El Jem.
Le toponyme n’est pas d’origine punique ni latine mais appartient bien au substrat libycoberbère où il s’inscrit dans une série onomastique aisément repérable par la négation verbo-nominale UR/WR/WAR.
Quant au nom arabe du site, Rougga, il n’est qu’une simple translittération dialectale du mot « Raqqa » qui, en arabe littéraire, signifie « la terre que l’eau recouvre et qu’elle évacue ensuite », ce qui convient parfaitement à la topographie du lieu.
Une mission archéologique franco-tunisienne y entrepris des fouilles de 1971 à 1974 qui permirent de retrouver les vestiges d’une escargotière épipaléolithique et un niveau néopunique. La ville romaine, centre administratif des bourgades avoisinantes, s’organise autour d’un forum dominé par deux temples. On y rencontre aussi deux grandes citernes circulaires jumelées, un amphithéâtre installé dans une carrière abandonnée, un théâtre avec de vastes dépendances, un arc, une domus pavée de remarquables mosaïques. 5 La ville fut peut-être détruite lors de l’invasion arabe d’Ibn Sa’d en 647, ce qu’attesterait un trésor de 268 solidi byzantins. Ses ruines furent néanmoins réoccupées par une population berbère sédentarisée, avant de servir de carrière aux chaufourniers.
Source : R. Guéry et P. Trousset, « Bararus », in Gabriel Camps (dir.), 9 | Baal – Ben Yasla, Aix-en-Provence, Edisud (« Volumes », no 9) , 1991.