Financement, Fiscalité, Digitalisation : Mubawab pose les questions de fond sur l’immobilier
Par une conjoncture caractérisée par l’accentuation de la crise sanitaire, Mubawab, groupe référence de l’immobilier, a fait appel à un groupe de spécialistes de renom pour discuter des difficultés que rencontre le secteur de l’immobilier, ambitions, digitalisation et perspectives.
Le débat a eu lieu dans le cadre d’un webinaire, le second organisé en 2021, et qui a pris une dimension maghrébine en sollicitant la participation d’experts tunisiens et marocains.
Les intervenants ont ainsi fait un tour d’horizon du nouveau paysage financier dans l’immobilier post-crise sanitaire et délivré les bonnes pratiques à adopter pour mener à bien son projet.
Nous avons poursuivi les travaux de ce webinaire qui a duré près de 2 heures pour vous soumettre les temps forts.
Le secteur les plus consommateur de crédits
Le Directeur de Groupe Ariana Les Jasmins au sein de Attijari Bank Tunisie, Mohamed Aziz Mohsen, explique que pendant les 10 dernières années, en Tunisie il y a eu plusieurs phases de développement. Depuis 2012, le secteur a connu une croissance moyenne de 12% par an jusqu’à décembre 2017. Le secteur consomme près de 5,6 milliards de dinars de l’encours des crédits, c’est l’un des secteurs les plus consommateurs de crédits. 80% des transactions en Tunisie se concrétisent via un financement bancaire. « Sur la partie financement, il est important d’avoir un bon monitoring, accompagnement et suivi pour les professionnels et les particuliers », continue-t-il.
Selon Kevin Gormand, CEO et co-fondateur de Mubawab,: « La crise sanitaire a touché trois principaux axes du financement immobilier. Les promoteurs à travers leur trésorerie et leur besoin en fonds de roulement, au vu de l’arrêt de transactions pendant plusieurs mois en 2020. L’enjeu de prise de risque de financement, pour décider de quel type de projet développer et si c’est vraiment le moment de le faire. Le troisième point est le digital. La dernière étude consommateurs de Mubawab a démontré que 97% des projets immobiliers commencent par le digital, c’est le moyen le plus économique et performant pour trouver des potentiels acquéreurs. »
Incitations et Exonération des Frais d’enregistrement
Coté fiscal tunisien, c’est Bacem Damak, expert et enseignant en fiscalité, qui intervient pour préciser que le taux de TVA sur les ventes des biens immobiliers à usage d’habitation par les promoteurs immobiliers sera maintenu à 13% jusqu’au 31 décembre 2023, avec la possibilité qu’il soit revu à la baisse à 7% ! Ce qui allège les coûts des promoteurs et du coup le prix de vente final au futur acquéreur. Par ailleurs, les non-résidents tunisiens ou non tunisiens désirant investir en Tunisie sont exonérés des frais d’enregistrement, ce qui représente une belle opportunité d’investissement.
« D’après les derniers chiffres de la BAM, les crédits bancaires ont enregistré une croissance en glissement annuel de 3,63% en avril 2021, avec une évolution de 6,1% des crédits immobiliers classiques, dont 50% concerne le financement islamique en particulier la Murabaha », affirme Bachir Benslimane, PDG de MeilleurCreditimmo.ma.
Tous les professionnels de l’immobilier misent sur le retour des MRE, considéré comme un coup de fouet pour le secteur. Il faut aussi espérer que l’Etat puisse prolonger la remise sur les frais d’enregistrement jusqu’à la fin d’année 2021. Nous avons relevé lors des dernières transactions actées, que les ménages qui changent de logement optent pour des espaces plus grands avec jardin ou terrasse, généralement hors grandes villes et il y a eu plusieurs acquisitions pour des logements secondaires », déclare Maître Faical Lazrak, notaire à Casablanca.
Digitalisation de l’Immobilier
Mohamed Aziz Mohsen est d’avis que le digital est en train de révolutionner l’immobilier, « mais l’aspect physique avec toute la chaîne de valeur du secteur reste tout de même important pour instaurer l’aspect confiance, allant du banquier, au promoteur ou agent immobilier, en passant par le notaire », conclut –il.
Sur cette même lignée, Bacem Damak explique que « L’administration fiscale tunisienne est développée en matière de digitalisation, mais cette dernière est orientée contrôle fiscal et collecte de la data. Les données ne sont pas communiquées aux parties prenantes du secteur et ne dépassent pas le champ de l’administration. En revanche, au niveau du registre national des entreprises, tous les états financiers des promoteurs de la place sont centralisés et rendus publics afin d’avoir une idée sur la situation du secteur, les marges appliquées, les coûts de la construction et de l’activité commerciale ».
Les auditeurs maghrébins, qui étaient nombreux à suivre le webinaire, se sont notamment interrogés sur la pertinence d’investir « en ce moment » et malgré la conjoncture économique délicate. La réponse de tous les experts est unanime : c’est toujours le bon moment d’investir dans un bien immobilier et de saisir les opportunités qu’une crise peut offrir !