Les journalistes tunisiens otages d’une commission paralysée
Bien qu’on soit déjà au mois de juin, les journalistes tunisiens n’ont pas encore reçu leur carte professionnelle pour l’année 2018. Mieux encore, leurs demandes n’ont même pas été jusqu’à présent traitées par la commission indépendante d’octroi de la carte de journaliste professionnel.
Malgré l’urgence du dossier et bien que les journalistes aient besoin de cette carte professionnelle pour leur faciliter l’exercice de leur métier dans un environnement de plus en plus hostile, ainsi que pour bénéficier de nombreux avantages qui peuvent en découler, la commission indépendante d’octroi de la carte de journaliste professionnel et les services de presse de la présidence du gouvernement continuent à traiter ce dossier avec une passivité étonnante.
Sans se soucier nullement qu’ils sont en train de prendre en otage les journalistes tunisiens et de compliquer leur existence dans l’exercice de leur travail.
Le plus surprenant dans cette affaire, c’est que ce blocage se répète presque chaque année depuis la révolution et il est même arrivé, en 2015, que les chevaliers de la plume ne reçoivent pas cette fameuse carte professionnelle.
Diverses raisons sont à l’origine de ce désormais répétitif blocage, mais il semble que le plus important est lié à l’incapacité des services de presse de la présidence du gouvernement et des représentants des corps de métier à se mettre d’accord sur les noms proposés pour remplacer les membres qui ont quitté la commission et le métier.
En effet, selon l’article 8 du décret loi 115 réglementant le domaine de la presse, la carte nationale de journaliste professionnel est attribuée par une commission indépendante composée:
-d’un conseiller au tribunal administratif, désigné sur proposition du premier président du tribunal administratif, pour assumer les fonctions de président ;
-de trois membres proposés, par le syndicat des journalistes et le syndicat de l’information relevant de l’UGTT.
– d’un membre représentant les directeurs des établissements d’information publique;
– d’un membre proposé par la fédération tunisienne des directeurs de journaux;
– d’un membre proposé par l’organisation des directeurs des établissements d’information audiovisuelle privée la plus représentative.
Le renouvellement des membres de la commission est effectué alternativement par moitié tous les deux ans et en cas de vacance elle devra être comblée dans les quinze jours qui suivent sa survenue.
Or, cette commission présidée par le juge Adel Sabbagh a été nommée par le décret gouvernemental numéro 434/2016 et sa nomination a été publiée au JORT à la date du 28 mars 2016 et certains de ses membres ont même quitté le domaine de la presse.
Ce qui veut dire que la moitié de ses membres auraient dû être changés depuis le mois de mars. D’un autre côté, puisqu’elle ne peut délibérer qu’en présence des deux tiers de ses membres et puisque ce quorum ne peut plus être atteint du fait que certains de ses membres ( à l’instar de l’ex PDG de la Télévision Nationale Mustapha Letaief, qui était le représentant des directeurs des médias publics au sein de ladite commission) ont presque quitté le domaine, cette commission paralysée ne peut plus assumer sa mission.
Entre-temps, ce sont les pauvres journalistes qui doivent subir les conséquences de ces tiraillements et de la gestion désastreuse de ce dossier.
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